Durant plusieurs mois, j’ai fait la chauffeure (transport associé à leurs rendez-vous médicaux) pour des religieuses cloîtrées issues d’une communauté contemplative. J’ai aussi fréquenté une autre communauté, passant du temps au monastère, suivant de très près leur quotidien. Mon installation sonore questionne l’espace – chaotique, invisible – qui s’est tramé entre nous et qui se trame, inévitablement, entre deux inconnues qui s’apprivoisent.
C’est le tour, en tant qu’espace poétique de transition, qui est devenu la structure même de mon installation. (Le tour est intrinsèquement lié à l’architecture claustrale; il s’agit d’un baril de bois, de dimensions variables, qui permet aux objets de transiter entre l’intérieur et l’extérieur du cloître.) Dans l’installation, un tour surdimensionné invite les visiteurs à pivoter avec lui; c’est là, dans la pénombre, que 5 haut-parleurs/objets se devinent sur la paroi du cylindre. S’y mêlent les voix des femmes rencontrées et des notes de rencontre que j’ai recueillies durant plusieurs mois (spatialisation de centaines de courts fragments sonores à partir d’une programmation max/msp). À l’extérieur du Tour, des fragments de texte, issus de nos rencontres, ont été brodés (fibre transparente) et superposés dans des boîtes-cadres créés spécifiquement pour chacune des suites de mots et disposées sur le sol afin de compléter une lecture que je voulais, à tout prix, irréductible.
Extrait des fragments sonores diffusés dans le tour (01:31)
Bois (perform, pin, contreplaqué d’érable), haut-parleurs, ordinateur, carte de son, amplificateur, max/msp, roulettes, organza de soie noir et blanc. Voix: Évelyne de la Chenelière. Merci de tout coeur aux religieuses de la communauté bénédictine de Sainte-Marthe-sur-le-Lac et de la communauté dominicaine de Berthierville. Photo: Julie Faubert.