Je ne raconte pas d’histoires, 2014

Ce qu’il y a dans cet espace ne devrait pas être présenté, ni introduit, ni pressenti.

Dans cet espace, je ne raconte pas d’histoires, mais je crée une « histoire d’espace » qui nous force à réajuster sans cesse nos perceptions, nos doutes, nos fantasmes; je crée une ligne poreuse sur la frontière entre ce qu’il y a et ce qu’il pourrait y avoir.

Les histoires racontées nous font sortir des espaces dans lesquels on entre. Elles nous amènent ailleurs après nous être déjà déplacés ici.

Il n’est pas du tout question, ici, de sortir de l’espace, mais plutôt d’y entrer, d’y entrer entièrement. Il est question de voir plus, d’entendre plus, de percevoir plus.

D’être aux aguets.

Extrait de la Situation 2, près de la fenêtre et faisant face aux rideaux motorisés – 03:13
(svp, écouter avec casque d’écoute pour avoir une meilleure idée de l’expérience sonore réelle)

Fictions in situ réalisées à partir de plusieurs moments de résidence en galerie durant lesquels se sont déroulés les enregistrements ; montages sonores réalisés à partir d’enregistrements du lieu (allées et venues ; travail ; déplacements ; discussions ; etc.) dans son état « normal » et d’ajouts fictifs, de manipulations sonores en réel qui magnifient l’expérience du lieu.

Dans la situation 1, quelqu’un est assis devant l’entrée ; l’accent est mis sur la relation entre l’intérieur et l’extérieur de la galerie ; des « événements sonores » très rapprochés donnent une proximité troublante à l’expérience d’écoute.

Dans la situation 2, quelqu’un est assis devant la grande fenêtre et entend tout à coup d’autres personnes arriver, s’installer, prendre place, comme si elles allaient toutes assister à quelque chose d’important. S’en suit une série d’événements sonores qui transforment l’espace de la galerie. L’articulation entre le réel et le fictif est activé par le mouvement très concret des rideaux et des décalages sonores entre les mouvements (rapides, lents, courts, longs) vus et les mouvements entendus.

Enfin, la situation 3 est, elle, délocalisée, comme une parenthèse, une correspondance entre les deux autres situations : il s’agit de la projection de Ça (un plan séquence de 7 minutes) dans un couloir étroit, une vidéo dans laquelle le spectateur entre en relation intime avec les deux marcheurs qu’il suit, épie. La prédominance de la trame sonore tente de taire toute tentative narrative ou du moins considère la narration autrement…

Sporobole, Sherbrooke. Lecteurs audio, rideaux automatisés, programmation max/msp et Arduino pour l’automatisation des rideaux en relation avec l’écoute et pour la diffusion sonore extérieure (vitrine sonore), objets divers, projection vidéo, casques d’écoute. Merci à Delphine, Maroussia et à tous ceux et celles qui ont participé aux enregistrements. Photo: Tanya St-Pierre et Julie Faubert.